09/04/2013
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Les diplomates présents à la Conférence du désarmement n’en ont pas cru leurs oreilles. Le représentant de la Corée du Nord à Genève, Jon Yong Ryong, n’a pas hésité mardi matin à menacer la Corée du Sud de «destruction finale». Rien de moins. Initialement, cette séance de la Conférence du désarmement entérinant la présidence indienne ne devait durer que quelques minutes. Elle a tourné à l’empoignade après qu’un groupe de pays emmené par les Pays-Bas, parmi lesquels l’Australie, le Japon, l’Allemagne, la Turquie et le Chili, a critiqué l’attitude de défiance de la Corée du Nord après son test nucléaire de grande puissance réalisé mardi dernier. C’est au cours du dialogue qui a suivi que le ton est monté.
Après une intervention du Bangladesh et de la Corée du Sud, le diplomate nord- coréen a déclaré que «le comportement erratique de la Corée du Sud était annonciateur de sa destruction finale». Une formule qui a fait bondir plusieurs diplomates, parmi lesquels l’ambassadeur de France à la Conférence du désarmement Jean-Hugues Simon-Michel. «Entendre proférer des menaces contre un Etat membre des Nations Unies et parler de sa destruction: on dépasse les bornes de ce qui est acceptable», a-t-il réagi. C’en était trop aussi pour l’ambassadrice de Grande-Bretagne, Joanne Adamson qui a jugé ce langage «totalement inapproprié». Même stupéfaction sur les bancs américains, où l’ambassadrice Laura Kennedy a fait part de sa réprobation.
Mardi, le chef de la mission nord-coréenne à Genève a également ajouté à la péroraison habituelle du régime le spectre de l’escalade: «Si les Etats-Unis adoptent une attitude hostile envers la Corée du Nord, la situation sera compliquée et nous n’aurons pas d’autre choix que de passer à une deuxième et à une troisième étape.»
Passé le choc d’entendre la Corée du Nord menacer de destruction la Corée du Sud, c’est plutôt cette autre phrase qui a soulevé hier le plus d’interrogations parmi les diplomates occidentaux. «Même si son intervention était visiblement improvisée, il n’a pas inventé cette histoire de deuxième et troisième étapes qui pourraient être atteintes rapidement. Nous nous demandons s’il ne s’agit pas, en réalité, du quatrième et du cinquième essai nucléaire à venir», confie un diplomate sous couvert d’anonymat. Et de poursuivre: «On ne sait pas comment interpréter cette escalade verbale. Pour ma part, je ne pense pas que ce soit un événement majeur. La Conférence du désarmement n’est pas l’enceinte où se traite le volet politique de la crise coréenne. C’est à New York au Conseil de sécurité que ça se passe.»
Si les avis divergent sur l’importance qu’il faut accorder à l’incident d’hier matin, tout le monde est d’accord pour dire que la Corée du Nord s’isole de plus en plus du reste du monde. On saura la semaine prochaine si le langage habituellement plus feutré de la diplomatie reprend ses droits. La Conférence du désarmement tient une session de haut niveau en présence de représentants gouvernementaux.
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